×

L’EUROPE, LES MEDIAS, LES FAUSSES INFORMATIONS

 Voilà les sujets choisis pour le Symposium régional de l’Union de la Presse Francophone qui s’est tenu en Roumanie, à l’Université de Bucarest. Au programme : rencontres, ateliers, débats et projections de films.

Du 14 au 19 Avril 2024 s’est tenu à Bucarest, en Roumanie, un symposium régional de l’Union de la Presse Francophone (UPF) avec pour thème : l’Europe, les médias et les fausses informations. Symposium qui a réuni des journalistes et différents orateurs venus de 16  pays, notamment d’Afrique, des Caraïbes et d’Europe.

Dans une ambiance conviviale, ces thèmes récurrents, et plus que jamais d’actualité, ont été exposés et débattus, avec rigueur, réalisme et assez d’honnêteté et d’humilité par des conférenciers dont les compétences et la maîtrise des sujets étaient évidentes. Tout cela sous la direction de Mme Daniela Coman, présidente de l’UPF Roumanie, son vice-président, Mr Bogdan Oprea et leur équipe dont l’accueil et l’organisation furent à la hauteur de l’événement.

LA PRESSE RD-CONGOLAISE A BUCAREST

Un fait a attiré l’attention de « tous » à ce symposium de l’UPF à Bucarest, la présence remarquée de la presse congolaise, soutenue par S. E. Mr Léopold Abibo, ambassadeur de la RDC en Roumanie, et le ministre délégué, Jacques Kalala Zongala. Ces journalistes congolais ont sensibilisé les participants sur le drame qui affecte actuellement la République Démocratique du Congo (RDC) ; le plus grand pays francophone, et l’un des plus riches en sol et sous-sol. Actuellement agressé, depuis plus de 25 ans, par ses voisins anglophones, avec à la clé des millions de morts, des pillages, des viols, et des masses de populations déplacées, la RDC subit aussi le silence (coupable ?) des médias francophones qui font profil bas sur le sujet, ou en parlent du bout des lèvres, pendant qu’ils font leurs choux gras sur la guerre en Ukraine et au Moyen Orient.

À la belle réception de clôture, organisée à l’ambassade de France en Roumanie, après celle du Club Diplomatique de Bucarest par l’UPF Roumanie, Mr l’ambassadeur Nicolas Warnery, en présence de son homologue belge, Mr Le Comte John Cornet d’Elzius, me dit en aparté, un peu étonné : « Il paraît qu’on a beaucoup parlé de la RDC à ce symposium! » Oui, effectivement. Mais comme souvent, sur des sujets aussi sensibles, touchant à la géopolitique, la tendance est en général de jouer au trois singes : « je n’ai rien vu, rien entendu, bouche fermée ! »   Mais une question se pose : quel avantage aurait la République Démocratique du Congo à rester membre d’une communauté francophone quasi indifférente à ses maux ? Chantage ou réalisme ?

 

L’EUROPE

Cette belle aventure, ce beau projet, initié après la deuxième guerre mondiale, par ses pères fondateurs dont Adenauer, Monet, Schuman et autre Gasperi… aurait-elle les moyens nécessaires à son expansion et à sa réussite ? Pas évident dans cette période anxiogène, avec la récession qui la menace (incertitude économique avec des licenciements), la guerre, non pas aux frontières mais dans l’Europe, avec une Pologne qui tremble ; il y a aussi les velléités russes et la crise ukrainienne, sans compter l’OTAN (cet organisme militaro Industriel qui, paraît-iI, fait de l’argent avec les guerres, comme dirait l’autre, et qui risque d’être lâché par l’Amérique de Trump) tire les ficelles. Au regard de certaines divergences au sommet entre les deux locomotives que sont l’Allemagne et la France, nul doute que les grains de sable se sont incrustés dans les rouages de l’Europe, et menaceraient même les frontières de l’espace Schengen, avec ce fléau de l’immigration, clandestine ou pas.

Enfin, cerise sur le gâteau, n’a-t-on pas constaté aux dernières élections qui se sont déroulées dans l’UE, la montée en puissance des extrêmes, qui ont pratiquement fait main basse sur cette belle Europe ? Aux dernières législatives en Autriche, le Parti de la liberté, FPO, d’origine nazi, vient de remporter une victoire historique, dont se félicite le chef de l’extrême droite, Herbert Kickl. La Roumanie aussi ?

Le socialiste espagnol Borel a dit, je cite : « L’Occident se prend pour un jardin. Il considère que le reste du monde est une jungle qui risque de l’envahir. Elle se barricade donc avec ses extrêmes, qui cultivent le refus de l’autre, la haine de l’égalité et de la multiculture ; ils privilégient la hiérarchie des races, des ayants et des sans droit etc.., totalement antagoniques aux lois qui régissent les démocraties. Ce signe révélateur du malaise européen incite à dire, comme Borel, que les jardiniers occidentaux auraient intérêt à se projeter dans la jungle, avec une attitude de respect et de pensée d’égalité et de droits pour tous.

Alors, supposition : l’Europe peut-elle mourir ou craindre une guerre civile en France, comme le prédisait Mr Macron ? Rien n’est sûr. Ce n’est pas un hasard si The Economist, ce mensuel aux allures souvent prophétiques, avait mis sur l’une de ses couverture, trois visages de femmes qui, pour lui, feront l’Europe : Mmes, l’italienne Georgia Meloni, l’allemande Ursula Van Der Leyen, et la française Marine Le Pen (menacée d’emprisonnement mais qui risque de profiter d’une certaine « Trumperisation »), dont le parti, le RN, joue actuellement l’arbitre au parlement français, avec un risque d’y provoquer une deuxième dissolution et l’oeil bien ouvert sur le gouvernement, et aussi la possibilité de brandir à tout va (c’est en cours) des menaces de motion de censure. Comment donc s’y prendront-elles, ces trois dames ? Wait  and see, comme diraient les voisins british qui se mordent, aujourd’hui, les doigts après leur Brexit.

Au symposium de Bucarest, nous sommes, pour la plupart, restés sur notre faim, sans véritables et claires conclusions. Brouillards sur l’Europe ? Le journal burkinabé, « Aujourd’hui au Faso », conclut dans l’une de ses publications : « l’Europe s’extrême-droitise ». L’Afrique doit en tenir compte ». En s’extrêmisant face à l’occident ?

LES MEDIAS ET INFOX

Les débats et échanges ont aussi tourné autour de ces sujets communicationnels : les médias face aux fausses informations.

Les chevaliers de la plume traversent, de nos jours, une zone de turbulences sans précédent. Il est actuellement difficile d’être un journaliste indépendant sans se heurter à une certaine censure, vu que la majorité des structures médiatiques, TV, radio, presse écrite, Internet, sont quasiment devenus des entreprises privées, embauchant et débauchant à volonté. Les finances aidant, la presse est sous l’emprise et l’étau des patrons et financiers qui lui imposent une direction (ligne) éditoriale et des angles qui correspondent à leurs aspirations et ambitions. Elon Musk, patron de X, qui pense qu’il y a beaucoup de manipulations et qu’il faudrait une renaissance de l’info, estime qu’il y a des médias qui reflètent la volonté du peuple et ceux qui reflètent la volonté du pouvoir. Evidemment, il affirme préférer les premiers.

L’Intelligence Artificielle ((lA) et les algorithmes personnalisés, après avoir fait leur apparition tonitruante sur les programmes médiatiques, ne facilitent pas Ies choses, et les fausses informations foisonnent sur la toile. Einstein avertissait, en son temps, que le vrai danger du futur n’était pas la bombe atomique, mais plutôt la communication. Nous y sommes de plain-pied. La manipulation politique devient un jeu d’enfants avec ces logiciels, capables de créer des médias diffusant des « infox ». Intégrer des modèles algorithmiques dans les processus de production de l’information ne manquera certainement pas d’avoir aussi des conséquences tangibles sur la propriété intellectuelle et la notion même de vérité.

La loi Brandolini traduit la difficulté à réfuter les fausses informations. En d’autres termes, il est facile de créer une information trompeuse en quelques minutes, mais il faudra bien plus de temps pour en démontrer la fausseté. Les fausses informations ont toujours existé, mais leur ampleur s’est multipliée avec les réseaux sociaux. En effet, une information inédite, révélant quelque chose de soi-disant cachée, trouvera un écho rapidement exponentiel.

Au symposium de l’UPF à Bucarest, Mr Andrei Tarnea de Roumanie, Mme Anne Bocande de Reporters Sans Frontières (RSF France et d’autres conférenciers ont, à la première table ronde, exposé sur la question : « l’Information au temps de la désinformation, un enjeu démocratique ? » Sujet intéressant, mais parfois exposé avec des mots techniquement assez vagues, saupoudrés… d’un peu de langue de bois. Certes, ce n’est pas un exercice facile. Mais des efforts sont maintenant déployés pour que le journaliste travaille en toute indépendance, grâce à des médias alternatifs avec discipline et rigueur. D’abord, vérifier la source de l’info avant sa diffusion, veiller aux latences de la communication et ensuite, comme le préconise La Tribune de Genève, approfondir et décoder l’information pour le lecteur et donner une place plus importante au reportage.

BKTM Bibi Katshabala Tshibayi Mubiayi, pour DIASPOSITIVE TV, GJ (Grand JOURNAL), ADN Production, Telé50.

Post Comment